Veröffentlichungen
ACTA ORGANOLOGICA 29 - Résumés
Gerhard Aumüller / Friedhelm Brusniak
La pratique organistique du Te Deum avec timbales et trompettes et les orgues de la région Hessienne-Westphalique du 17ème et 18ème siècle
Le ‘Te Deum de Kassel’ de 1771
Le livre de cantiques, publié à Kassel en 1771 par l’organiste de court Johannes Becker, contient une version allemande du Te Deum, qui a soulevé quelques questions concernant la pratique musicale du Te Deum dans les monastères Marienmünster, Neuenheerse et Corvey en Westphalie ainsi qu’à Kassel. L'accent est mis sur la pratique musicale au monastère bénédictin de Corvey. Le buffet de l’orgue imposant de Corvey, construit par Andreas Schneider en 1685, représente des instruments musicaux typiques pour le Te Deum, p. e. timbales et trompettes. Il a été établi que des Te Deum ont été joués avec grand orchestre, chœur et orgue à Kassel, alors capitale de la Hesse.
Le Te Deum allemand ('Herr Gott dich loben wir') publié en 1771 par l’organiste de court, Johannes Becker, dans son livre de cantiques, a été écrit pour orgue; il contient des interludes composés dans une manière assez simple, qui sont joués «en écho» par de timbales et de trompettes à la fin de chaque vers. Leur structure harmonique donne un accent mélodique particulier aux mots finals et, en même temps, produit le splendeur d’une muscique "solennelle" festive.
[Acta Organologica 29, 2006, 427-446]
Alexander Fiseiski
L’histoire de l’orgue et de sa musique en Estonie
Le premier document attestant l’existence d’orgues sur le territoire estonien remonte à l’an 1329, lorsque des orgues furent victimes de la guerre à Paistu et Helme. Un organiste au service d’une église de Tallinn est évoqué en 1341. A la suite de l’incendie du 11 mai 1433 qui ravagea pratiquement toute la ville de Tallinn, un orgue neuf fut construit dans l’église Saint Nicolas. Les travaux furent exécutés par le facteur d’orgue («Orgelmaker») Albrecht.
Cet instrument fut transformé en 1489 par Hermann Stüwe, de Wismar. Les facteurs travaillant en Estonie à cette époque étaient pour la plupart originaires des villes de la Hanse en Allemagne du nord. Aux 16e et 17e siècles déjà, des orgues positifs étaient à la mode dans les maisons appartenant à la noblesse, la riche bourgeoisie et des fonctionnaires de la ville.
Les principaux facteurs travaillant en Estonie au 17e siècle étaient Johannes Pauli, de Riga, le facteur suédois Andres Bruse et notamment Christopher Meinecke, de Lübeck.
Le facteur le plus important à exercer son activité en Estonie était, au 18e siècle, Heinrich Andreas Contius. Entre 1764 et 1771, il construisit un instrument pour l’église St. Olaf de Tallinn (III/P/60). Son beau-fils, Johann Andreas Stein (1752–1821) érigea en 1805 un orgue dans l’église de Kihelkonna, sur l’île de Saaremaa. Cet instrument représente aujourd’hui le plus ancien orgue d’église conservé en Estonie.
Des contributions significatives à l’évolution de l’art de la facture d’orgue en Estonie sont également dues à Erasmus Pogatz (16e/17e siècle), Christopher Asmes (1ère moitié du 17e siècle) et á des représentants de la dynastie musicale des Busbetzky (fin du 17e siècle).
Au 19e siècle, des autodidactes pleins d’enthousiasme réalisèrent un grand nombre d’orgues positifs qui ne renfermaient pour la plupart que des tuyaux en bois. Carl Tanton est l’auteur d’instruments relativement grands. Gustav Normann (1825–1893), un facteur se distinguant par sa productivité, était le fondateur de l’école de facture d’orgue en Estonie du nord. Ses successeurs étaient Gustav Terkmann et son fils August (1885-1940) qui équipait ses instruments de systèmes de traction pneumatiques et électropneumatiques. Très actives en Estonie étaient aussi de grandes manufactures allemandes comme E. F. Walcker & Cie. et W. Sauer, de même que E. Ch. Lemke, Guido Knauf, Ernst Kessler, Wilhelm Müllverstedt et les frères Schwalbenberg. L’atelier des frères Tannil, Juhan et Jakob Kriisa, fondé au 19e siècle, est aujourd’hui dirigé en troisième génération par Hardo Kriisa (né en 1940).
Parmi les musiciens actifs en Estonie au 17e siècle, il convient de citer en premier lieu le cantor et compositeur Johann Valentin Meder (1649–1719). Les compositeurs les plus éminents du 19e siècle étaient Johann Friedrich de La Trobe (1769–1845) et son beau-fils Woldemar von Bock (1816–1903).
La place de choix occupée par l’orgue dans l’histoire de la culture musicale en Estonie tient au fait que presque tous les compositeurs estoniens d’importance du 19e siècle et du début du 20e étaient en même temps organistes. C’est le cas pour Johannes Kappel, Konstantin Türnpu, Miina Härma, Rudolf Tobias, Artur Kapp, Mikhel Lüdig, August Topman, Maart Saar et Peter Süda, qui étaient tous issus du conservatoire de Saint-Pétersbourg. Parmi les compositeurs estoniens qui se sont intéressés à la musique ouest-européenne du 20e siècle, il faut citer les noms de Veljo Tormis, Eino Tamberg et Arvo Pärt. La tradition séculaire de la pratique de l’orgue en Estonie s’exprima dans l’après-guerre notamment dans les œuvres de Hugo Lepnurms et de ses meilleurs disciples: Rolf Uusväli, Andres Uibo et Urmas Taniloo.
[Acta Organologica 29, 2006, 11-32]
Andreas Hahn
L’orgue Gottfried Silbermann de l’église protestante de Nassau (Monts métallifères)
En 1745, un contrat fut passé entre Gottfried Silbermann de Freyberg et la paroisse de Nassau pour la construction d’un orgue de 19 jeux sur deux claviers, coûtant 740 Taler. La réception de l’orgue achevé eut lieu le 4 août 1748. Une tirasse fut ajoutée en 1960; sinon l’instrument n’a pas connu de modifications de sa substance. En 1998 il y eut une profonde restauration technique. A cette occasion, les sommiers furent pour la première fois sortis de leur emplacement. Sur les 1110 tuyaux (dont 27 chanoines), 1084 sont d’origine (= 97,66 %). 26 tuyaux de métal furent reconstruits. Les deux soufflets cunéiformes furent réparés et réunis par un portevent, de sorte que les deux sont à présent alimentés par un ventilateur électrique neuf. La pression du vent avait été plusieurs fois baissée et n’était plus à la fin que de 65 mm de colonne d’eau. Après des recherches, elle fut remontée à 85 mm de colonne d’eau. On ne put trouver de traces du tempérament d’origine. C’est pourquoi l’on choisit un accord „bien tempéré“ avec deux quintes pures (do#/sol# et mib/sib) et pas de véritable quinte du loup. 9 quintes ont une fréquence de battement de -1,7 Hz, la quinte restante sol#/mib bat avec -1,2 Hz. Le diapason du La2 dans le jeu d’Octava 4' est de 469 Hz à 15 °C. Cela correspond au ton de chœur, alors usuel. Pour ne pas compromettre l’avenir de la tuyauterie très fragile, on posa sur 152 tuyaux des bagues d’accord en maillechort et acier inoxydable. Les travaux furent menés à bien par la maison Jehmlich, de Dresde.
[Acta Organologica 29, 2006, 83-108]
Max Reinhard Jaehn
„Capot du moteur, coffre, bouchon du réservoir“
En tant que chercheur-organologue de la RFA en RDA
Durant la séparation de l’Allemagne en deux états (1949–1990), il était particulièrement difficile, en tant que citoyen de l’état de l’ouest ("RFA" = République Fédérale d’Allemagne) de voyager dans l’état de l’est ("RDA" = République Démocratique d’Allemagne), ou même d’y travailler. C’est seulement depuis un accord fondamental de 1973 qu’il était possible de voyager plus facilement, bien que de manière toujours encore restreinte, de l’autre côté de la frontière germano-allemande, ce qui autorisait par exemple l’accès aux archives. En tant que natif du Mecklembourg, je pus mener des recherches d’archives sur le paysage organistique de mon Mecklembourg natal durant juste dix ans. Les peines déployées pour cela et la nécessité de trouver des solutions à des problèmes quotidiens ailleurs inconnus sont ici présentées. Elles documentent des expériences singulières, parfois grotesques et aujourd’hui entrées dans l’oubli, et ensuite la situation artificielle de tout un pays durant des décennies, jusqu’à ce que l’Histoire y mette fin.
[Acta Organologica 29, 2006, 373-386]
Max Reinhard Jaehn
L’inventaire des orgues historiques du Mecklembourg en 1926:
Compléments sur Erwin Zillinger et Hans Henny Jahnn
Une enquête étendue à tout le Land de Mecklembourg fut lancée durant la première moitié de 1926 par le conseil supérieur de l’Eglise de Schwerin, au sujet des orgues antérieurs à 1800. Entièrement conservée, c’est une source importante, qui a servi en 1933–34 à la recherche (Walter Haacke). Erwin Zillinger en fut l’initiateur mais il ne participa pas à sa réalisation et ne l’exploita pas. A partir de l’été de 1926 (congrès d’orgue à Fribourg-en-Brisgau), des orgues furent élevés au rang de monuments historiques dans toute l’Allemagne.
Le rôle joué par Hans Henny Jahnn comme chercheur d’orgues historiques dans le Mecklembourg était resté jusqu’ici obscur. Ses déclarations répétées dans cette direction ne résistent pas à l’analyse de ce riche matériel d’archives. Même ses affirmations sur l’orgue de Bützow, qui lui avait laissé de fortes impressions durant sa jeunesse, se révèlent aujourd’hui fautives et non fiables.
[Acta Organologica 29, 2006, 387-434]
Martin Kares
L’orgue Steinmeyer-Bartning de l’église St-Marc de Karlsruhe (1935)
Une des rares églises de Karlsruhe qui ait survécu à la Deuxième Guerre mondiale est l’église St-Marc, construite en 1935 sur les plans de l’architecte Otto Bartning. Celui-ci dessina aussi la façade de l’orgue, qu’il ordonna selon le système structurel de l’église. Ceci conduisit à ce que l’orgue de 37 jeux, construit par la maison G. F. Steinmeyer & Co., d’Oettingen, ait une largeur de 14,30 m mais sur une profondeur limitée à 1,10 m. En façade, les tuyaux du Prinzipalbaß 16´, du Prinzipal 8´ et de la Stillposaune 16' sont encadrés de deux boîtes expressives sans tuyaux de façade. La composition a été conçue par le Dr Walter Leib, expert à Heidelberg. Il est remarquable de constater combien la combinaison de la base romantique tardive et des ajouts néo-baroques fonctionne bien. Les jeux de fonds autorisent, avec les accouplements à l’octave et les possibilités d’expression, des mélanges sonores pleins de caractère et des effets de crescendo du pp au ff, qui permettent l’exécution de la musique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Les jeux composés aigus, les jeux de mutation et les anches courtes dans les boîtes expressives transforment celles-ci en deux positifs du premier baroque, qui dialoguent remarquablement avec le grand-orgue.
[Acta Organologica 29, 2006, 231-236]
Christhard Kirchner
Christoph Junge, facteur d’orgues en Allemagne centrale
Né à une date inconnue, Christoph Junge est originaire de Silésie. Il passa ses années de jeunesse à Schweinitz, non loin de Lutherstadt Wittenberg et mourut à Erfurt au mois de mars 1687. Il fut compagnon de Christian Förner à Weißenfels jusqu’en 1673 et en cette qualité, il participa à la construction de l’orgue Förner de la chapelle du château d’Augustusburg à Weißenfels. Il s’initia auprès de Förner des principes essentiels propres à la facture de ce dernier: soufflets à un seul pli (les tables étant levées à l’aide de poulies), nouvelle forme de sommiers à ressort, anches à pavillons de longueur réelle, posaune à pavillons en bois, autant de caractéristiques que l’on retrouve aussi dans ses propres instruments.
Orgues construits avec certitude par Christoph Junge:
1) église abbatiale de Doberlug, 1674–75 (II/17); 2) Stadtkirche Merseburg, 1676 (II/16); 3) Stadtkirche St. Trinitatis, Sondershausen, 1679–81 (II/28; façade conservée); 4) chapelle du château de Sondershausen, 1682–83 (II/20); 5) Stadtkirche Weimar, 1683–84 (II/25); 6) cathédrale St. Marien, Erfurt, 1684–87 (II/28); 7) Kaufmannskirche Erfurt, 1685–88 (II/25).
L’orgue de la cathédrale d’Erfurt fut achevé après la mort de Christoph Junge par son maître compagnon David Merker, celui de la Kaufmannskirche par le maître compagnon Johann Albrecht.
[Acta Organologica 29, 2006, 267-308]
John Maidment
Facteurs d’orgues et orgues d’Allemagne en Australie
A partir de 1850, des orgues furent construits en Australie par des immigrés allemands, et à partir de 1861 de nombreux orgues furent importés d’Allemagne. La célèbre firme Walcker était la première importatrice. D’autres entreprises suivirent, comme Randebrock (Paderborn), Walter (Guhrau), Moser (Munich) et d’autres. Les orgues confectionnés en Australie par Krüger, Wolff, Lemke et Ernst Ladegast conservèrent dans leur style des éléments caractéristiques allemands, également pour ce qui est de l’apparence extérieure et de la conception sonore. Les instruments importés ont aussi influencé quelques facteurs locaux. Le présent article s’occupe aussi bien des facteurs allemands émigrés en Australie et de leurs ouvrages, que des instruments importés durant une période de 140 ans, jusqu’à l’achèvement du grand orgue Klais de Brisbane.
[Acta Organologica 29, 2006, 33-82]
Hans Musch
Une construction d’orgue à la charnière de deux époques.
La naissance de l’orgue de l’église Maria-Hilf de Fribourg-en-Brisgau (1935)
Dans le quartier d’Ober-Wiehre, grandissant rapidement à l’Est de Fribourg, le curé Karl Hausch, enthousiaste du baroque, obtient en 1929 que la nouvelle église Maria-Hilf soit édifiée selon l’esthétique néo-baroque. Lorsque les projets d’orgue commencent en 1934, il souhaite que l’église soit désormais remplie de sonorités baroques. Pour cette conception sonore alors très inhabituelle, il cherche des conseillers et des experts. C’est là la base des querelles entre les représentants traditionnels de la conception sonore romantique tardive, notamment l’inspecteur officiel des orgues pour l’archevêché, Carl Schweitzer, et les experts imbus de la croyance dans le progrès. Ceux-ci s’orientent vers l’"Orgue Praetorius" construit en 1921 pour l’institut de musicologie de l’université de Fribourg, avec ses timbres du premier baroque, en omettant le fait que le curé Hausch avait en vue le baroque du milieu du XVIIIe siècle. C’est la "juste" composition des jeux qui est jugée la plus importante, suivie des tailles appropriées de la tuyauterie et de l’harmonisation selon les principes les plus nouveaux. La composition est fournie par Ernst Kaller, élève durant quatre ans de Karl Straube à Leipzig et ensuite professeur d’orgue au séminaire de musique de Fribourg. Naturellement, un positif de dos, l’enfant chéri de l’Orgelbewegung des premières années en Allemagne, est prévu dans le garde-corps de la tribune. Fait embarassant, les théoriciens ont totalement oublié qu’un positif de dos doit avoir un jeu comportant des tuyaux de façade. Ce n’est qu’au dernier moment que l’on peut échanger la Blockflöte 4’ contre le Principal italien 4’ du Brustwerk. C’est le moine bénédictin Winfred Ellerhorst, de l’abbaye de Weingarten, qui est chargé des tailles de la tuyauterie et de son harmonisation. Il fournit les tableaux de tailles et s’assoit sur le banc d’orgue pendant l’harmonie, il donne au facteur d’orgues Otto Mönch, harmoniste expérimenté, des indications toutes personnelles, en croyant mieux savoir que les autres, et manque pourtant sa cible: l’orgue s’avère trop doux par rapport à la grandeur de l’édifice. Lorsque le maître facteur d’orgues Mönch reçoit d’ Ellerhorst une facture pour les tailles et la "direction de l’harmonisation", il est surpris et peiné. L’orgue de l’église Maria-Hilf est malgré tout loué avec plein de fierté en 1935 par les théoriciens participants, comme le premier orgue d’une église catholique de Fribourg construit selon les principe de l’Orgelbewegung, en espérant qu’il serve de modèle pour tout l’archidiocèse de Fribourg. L’inspecteur officiel Carl Schweitzer, quasiment limogé, donne finalement un avis important : le facteur d’orgue a sa propre expérience en matière de conception sonore, on ne doit pas le réduire à un rôle d’exécutant.
[Acta Organologica 29, 2006, S. 237-266]
Paul Peeters
L’histoire de la construction de l’ancien orgue de la grande église ou église St-Eusèbe d’Arnhem (Pays-Bas)
Construit en 1768-70 par les frères Johann Michael et Johann (Christoph) Wagner, de Schmiedefeld (près de Suhl)
Le légendaire orgue Wagner de la grande église ou église St-Eusèbe d’Arnhem disparut en septembre 1944 par faits de guerre. Le présent article part de la découverte d’une liasse de documents d’archives des années 1768-69, qui permettent de reconstituer une chronique de l’histoire de la première année de construction de cet instrument. Cette chronique fournit d’intéressants détails sur le processus de construction: on y trouve des données sur l’atelier, sur le coulage sur le sable, sur la division du travail (on commença par exemple par confectionner les tuyaux de façade), ainsi que des informations complètes sur les matériaux utilisés, en particulier sur les problèmes en relation avec l’achat du bois. A cette chronique est ajoutée un court aperçu de l’histoire de l’orgue jusqu’en 1944. A côté de la probable composition d’origine, d’autres aspects de l’instrument sont discutés – comme le registre Carillon de l’Oberwerk – et une construction de sommiers inventée par les frères Wagner (mais non utilisée à Arnhem) est présentée.
[Acta Organologica 29, 2006, 109-158
Johannes Reichel
Le facteur d’orgues Johann Peter Penick
Né à Untermaßfeld en Thuringe le 6 juillet 1666, Johann Peter Penick était d’abord compagnon du facteur Severin Holbeck de Zwickau en Saxe. Après le décès de ce dernier, Penick ouvrit son propre atelier à Zwickau et sollicita l’acquisition du droit de citoyen de cette ville. L’exercice de la profession de facteur d’orgues est documenté jusqu’en 1724 alors que la date de son décès est restée inconnue. Avant de construire des orgues de sa propre facture, il termina les instruments de la Schlosskirche de Gotha et la Moritzkirche de Zwickau, que Holbeck n’avait pas eu le temps d’achever. Les instruments neufs que nous connaissons sont les suivants: 1702 (Schneeberg)-Neustädtel; 1703 Glauchau, St. Georgen; 1707 Penig; 1710 Bitterfeld; 1711 (Hohenstein-)Ernstthal; 1715 Nenkersdorf; 1715 Zeulenroda; 1716 Neukirchen(-Wyhra); 1719 Hof an der Saale (transformation); 1719 (Gera)-Thränitz; 1720 Kürbitz; 1721 Marlesreuth. De ses instruments ne subsistent que les façades de Kürbitz, Nenkersdorf et Marlesreuth. Pour autant que l’on puisse encore le constater, le style des orgues construits par Penick semble avoir été influencé par la facture thuringienne.
[Acta Organologica 29, 2006, 309-330]
Horst Sandner
L’orgue Klais du dôme de Fritzlar (1929)
Rapport relatif à sa restauration
La forme actuelle de l’ancienne église collégiale de Fritzlar – le plus souvent appelée «dôme» de nos jours – remonte essentiellement à une période comprise entre le 11e et le 14e siècle. Le narthex est structuré en plusieurs étages. La balustrade du plan supérieur porte encore la façade baroque d’un orgue antérieur datant de la seconde moitié du 18e siècle et attribué au facteur Johannes Schlottmann.
En 1929, Hans Klais construisit un orgue neuf de 45 jeux répartis sur 3 claviers et pédalier, avec sommiers à pistons et traction électrique de notes et des jeux. Un instrument de cette taille ne pouvait pas être logé sur un seul de ces étages du narthex, si bien que Hans Klais fut amené à répartir l’orgue sur plusieurs espaces. Les jeux des claviers I et II trouvèrent ainsi leur place sur le plan intermédiaire appelé «loge impériale» alors que ceux du troisième clavier (récit expressif) furent placés derrière la façade baroque se trouvant sur le plan supérieur et les jeux du pédalier répartis sur ces deux plans, sans doute afin de favoriser l’intégration sonore de l’ensemble.
L’orgue fut restauré en 1994 par Hans Gerd Klais. Exception faite de l’échange de la commande des jalousies de la boîte expressive, tous les éléments de l’instrument ont été conservés dans leur état d’origine. Un combinateur moderne a pu être intégré dans le système de commande électrique de l’instrument sans la moindre intervention dans la structure de la console.
[Acta Organologica 29, 2006, 199-230]
Albrecht Schneider / Richard von Busch / Dorothea Schröder / Lüder Schmidt
La documentation sonore d’orgues historiques classées
Dans tous les cas, la documentation d’orgues historiques devrait inclure les sons émis par les tuyaux, une exigence qui se justifie tout particulièrement au vu des restaurations relativement nombreuses d’orgues classées célèbres accomplies au cours du 20e siècle. Etant donné que les travaux de restauration s’accompagnent en règle générale de modifications des tuyaux, des sommiers et d’autres parties de l’instrument exerçant une influence directe ou indirecte sur les sons émis par les tuyaux, la documentation sonore est d’une importance capitale lorsqu’il s’agit de comparer l’état antérieur et postérieur à la restauration d’un orgue.
Il est donc indispensable de procéder à des enregistrements sonores des tuyaux de l’ensemble des jeux et de les conserver soigneusement. Ces enregistrements peuvent être analysés et les résultats comparés au moyen du traitement numérique des signaux.
Dans cet article, les auteurs présentent les principes de la documentation sonore avant de passer à l’analyse des enregistrements réalisés en 2001 (avant la dernière restauration) et en 2005 (après achèvement des travaux de restauration 2002 – 2004) à l’orgue Klapmeyer d’Altenbruch.
Ils comparent les constatations de 2001 et 2005 à l’aide de quelques exemples et décrivent les modifications des paramètres sonores relevées sur les tuyaux de certains jeux ainsi que les caractéristiques restées inchangées.
[Acta Organologica 29, 2006, 405-426]
Karl Schütz
L’orgue de l’église des Frères mineurs "Maria Schnee" à Vienne
L’orgue de l’église des Frères mineurs (Minoritenkirche), qui est aussi l’église de la congrégation italienne (Italienische Nationalkirche) de Vienne, fut construit en 1786 par Franz Xaver Christoph qui réutilisa des tuyaux, les sommiers et le meuble de la console d’un orgue antérieur datant de 1673.
1815: Friedrich Deutschmann divise la Mixtur du grand-orgue en Mixtur et Zimbel.
1826: Jacob Deutschmann remplace les tuyaux muets en bois de la façade par des tuyaux en étain de la pédale, ajoute à celle-ci un nouveau jeu de Cornet de 3 rangs, substitue un Salicional 8’ au jeu de Super-Octav 1’ au positif et relève le diapason d’un quart de ton. Ultérieurement (mais à une date inconnue), ce salicional cède sa place à un autre en zinc.
1839: Jacob Deutschmann remplace les soufflets d’origine par un nouveau réservoir à plis parallèles et à pompe, relevant en même temps le diapason de 3/8e de ton.
1847: une fois de plus, le diapason est relevé, cette fois d’un huitième de ton, par Franz Ulllmann.
1917: les tuyaux de la façade sont réquisitionnés pour motif de guerre. C’est en 1935 seulement que Ferdinand Molzer les remplace par des tuyaux en zinc.
1972: le facteur Arnulf Klebel entreprend une restauration partielle de l’instrument. Une partie de la façade est ainsi reconstituée en étain. Au pédalier, les tuyaux manquants du cornet cèdent la place à un Oktavbass 4’ fait de tuyaux neufs.
Cet instrument, pratiquement injouable aujourd’hui, fait partie des orgues historiques les plus importantes de la capitale autrichienne. Une restauration est envisagée.
[Acta Organologica 29, 2006, 159-178]
Achim Seip / Volker Keller
La Synagogue Libérale principale de Mannheim et ses orgues Walcker
Nouvellement érigée, la Synagogue Libérale principale de Mannheim fut dotée dès 1855 d’un orgue du facteur Eberhard Friedrich Walcker. Il n’était pas seulement le premier orgue de synagogue au Pays de Bade, il comptait aussi parmi les tout premiers instruments de synagogue d’Allemagne dont il existe encore des traces. Cet orgue possédait 22 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. La transmission était mécanique avec sommiers à pistons.
La maison Walcker transforma l’instrument en 1899. La composition fut augmentée à 31 jeux sur trois claviers et pédale et la transmission mécanique remplacée par un système pneumatique.
Le 10 novembre 1938, l’orgue et la synagogue furent détruits par des membres de la SA.
[Acta Organologica 29, 2006, 179-192]
Gerhard Spallek
Histoire d’entreprise vécue dans des temps difficiles.
La maison W. Sauer après la Seconde Guerre mondiale
Les locaux de la firme W. Sauer de Francfort-sur-l’Oder furent réquisitionnés après la fin de la guerre par l’Armée rouge et furent utilisés comme centre d’épouillage. Peu à peu, tout ce qui était disponible comme bois – des pièces d’orgues jusqu’aux planchers – fut utilisé pour chauffer les bouilloires à eau. Lorsqu’Anton Spallek, le père de l’auteur, voulut reprendre avec un collègue les travaux d’orgues au printemps 1946, ils trouvèrent un bâtiment totalement vide. Avec beaucoup de peine et dans des conditions les plus primitives, un petit orgue de neuf jeux put être construit avec des matériaux d’occasion pour une église de Berlin-Charlottenburg. Lentement cela s’améliora. En 1957 un grand orgue (IV/80) fut édifié pour la radio de la RDA à Berlin-Est, sur les plans de Hans Henny Jahnn. Suivit la transformation en "Entreprise appartenent au Peuple" (VEB). Les facteurs d’orgues devaient composer avec de difficiles conditions économiques, sous la surveillance étatique, jusqu’à ce que l’Etat de la DDR prenne fin. L’entreprise revint dans les mains du propriétaire précédent (Walcker) et déménagea en 1994 à Müllrose. La disparition de la maison Walcker signifia aussi la fin de la maison W. Sauer. Grâce à l’initiative de quatre compagnons, une nouvelle entreprise put être créée, sous la raison sociale de "W. Sauer Orgelbau Frankfurt (Oder) GmbH".
[Acta Organologica 29, 2006, 359-372]
Franz-Josef Vogt
Le facteur d’orgues Ludwig Hünd
Parmi les facteurs rhénans d’importance régionale, on compte aussi Ludwig Hünd (1812–1899) de Linz am Rhein. Il fut probablement formé dans un atelier de Westphalie. Il travailla ensuite chez Bätz à Utrecht (NL), chez Laudenbach à Dülmen et enfin chez Engelbert Maass et son successeur Franz Wilhelm Sonreck à Cologne. Vers 1850 il fonda à Linz a. Rh. sa propre entreprise. Comme il n’eut pas d’héritiers, son élève Johann Stockhausen l’aîné dirigea l’atelier, comme associé à partir de 1873 et à son propre compte à partir de 1879/80.
Hünd travailla presque exclusivement dans la Rhénanie moyenne, où quelques-uns de ses instruments sont conservés. Pour la technique de construction et pour les compositions, il adopta les tendances un peu conservatrices de la facture d’orgue catholique en Rhénanie, dans laquelle il suivit une voie médiane entre Maass et Sonreck. Il ne parvint pas à obtenir une commande pour une paroisse protestante.
[Acta Organologica 29, 2006, 331-358]
Bert Wisgerhof
L’orgue Sauer de la "Julianakerk" de Veenendaal
Les deux orgues qui ont tout particulièrement impressionné l’auteur pendant sa jeunesse étaient celui de la Nederlandse Hervormde Kerk ("Julianakerk") de Veenendaal, où son père était pasteur, et celui de la "Nederlandse Christelijke Radio Vereniging" de Hilversum. L’orgue de Veenendaal qui comptait deux claviers et 24 jeux + 3 emprunts au pédalier a été construit en 1928 par la maison W. Sauer de Francfort-sur-l’Oder. Cet orgue fut malheureusement victime d’une transformation aussi radicale que préjudiciable à l’instrument, si bien que la sonorité romantique d’origine ne survit actuellement que dans la mémoire de l’auteur de ces lignes. L’"Orgue Sweelinck" de Hilversum (II/16), construit en 1953 par marcussen & Søn, Aabenraa) et grâce auquel l’auteur eut l’occasion de se familiariser avec le style sonore des années 50, sert aujourd’hui d’orgue de chœur en l’église Saint Nicolas (Nicolaïkerk) d’Utrecht.
[Acta Organologica 29, 2006, 193-198]